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Bataille de Mossoul :
La bataille de la Maison Blanche
jeudi 20 octobre 2016, par
"Eclipse du faux califat en vue", écrivais-je ici le 7 septembre. Nous y voilà ! J’ignorais alors que la bataille en vue se déroulerait à Mossoul, mais peu importe. Peu importe également où iront ses combattants : dans une autre ville déjà occupée par cette filiale du Pentagone, sans doute en Syrie, ou peut-être en Libye ? en tout état de cause, la victoire de la coalition sera extraordinairement facile, mais très télégénique.
[ajout du 5 juillet 2017 : je n’avais pas prévu, en écrivant cet article, l’hypothèse B : échec de la manoeuvre, défaite de Clinton à la présidentielle, abandon de l’armée irakienne à son triste sort, maintien tant que faire se peut du soutien logistique à "daèche". La bataille s’est donc éternisée et fut plus longue que prévue. Malgré tout, "daèche" a perdu ses villes et son statut de pseudo-état, redevenant un groupe de mercenaires semblable à Al-Qaïda. Les Etats-Unis sont maintenant devenu une hydre à deux têtes : le complexe pétro-financier et son homme Trump à la maison blanche, le complexe militaro-industriel et ses hommes un peu partout et notamment au pentagone. Le soutien à "daèche" est donc devenu plus difficile, sans disparaître totalement. La second clique ayant réussi à mettre indirectement un pied à l’Elysée, elle garde les forces Françaises comme force d’appoint -encore que l’état-major des armées n’est sans doute pas unanime pour soutenir cette politique !- mais elle ne peut plus intervenir aussi librement qu’auparavant.]
Ce qui est à peu près certain en revanche, c’est que notre presse et notre gouvernement continueront de nous expliquer que les Russes commettent des crimes de guerre à Alep, alors que notre aviation effectuera à peu près la même chose à Mossoul.
La seule différence objective, mais elle ne sera évidemment pas évoquée par notre presse, est que les combattants visés par les bombardements, dans le cas d’Alep, ne sont absolument pas informés préalablement des cibles exactes des bombardements (ou plus exactement : ils ne le sont pas par les Russes). Les Russes et l’armée syrienne combattent vraiment nos "rebelles" et ne leur font que peu de cadeaux -rien de plus que ce que la déontologie militaire oblige, voire un peu moins du fait de leur statut de mercenaires.
Les combattants du faux califat à Mossoul, en revanche (ou tout au moins leurs chefs) connaissent déjà les cibles et les portes de sortie vers des zones plus sûres. Leur mission, ou tout au moins leur utilité (créer un "Sunnistan" à cheval sur la Syrie et l’Irak) n’est pas achevée, il n’est pas question pour l’instant de les massacrer tous. Il y aura bien sûr des victimes, d’abord parce qu’il en faut pour les caméras, ensuite parce que la vie d’un mercenaire n’a aucune valeur aux yeux des commanditaires. N’est-ce pas la lie de l’Humanité qu’on a envoyé là-bas, la jeunesse déshéritée de nos banlieues, qui s’est enrôlée nombreuse dans cette aventure qu’on lui a présenté comme le seul accomplissement possible pour elle ?
Les véritable drame de Mossoul est non seulement que des victimes innocentes sont à prévoir -comme à Alep, ni plus, ni moins- mais de plus que la victoire prévisiblement trop facile de la coalition produira l’effet escompté : celle d’Hillary Clinton le 8 novembre.
Et, par conséquent, que le faux califat va continuer encore un certain temps de recevoir de l’argent, des armes, des véhicules, des informations sur les mouvements de l’aviation russe.
A propos, cela nous dit aussi qu’un attentat particulièrement violent va être organisé en France début mars. Molins et Trévidic nous ont prévenu, mais ils se sont bien gardé, les bougres, de nous dire que cela aurait lieu un peu moins d’un mois avant l’élection présidentielle française [1]. Il semble que ce soit le bon timing pour faire pencher la balance dans le sens souhaité... Puisse-t-il être déjoué par chance, comme ce fut le cas de celui qui se préparait près de Saumur il y a quelques temps ?
Je n’ai guère le temps de développer, hélas, sur les risques de "troisième guerre mondiale", qui semblent pris très au sérieux par les média russes et raillés avec légèreté par les nôtres. Je renvoie à mon article sur l’origine géostratégique du conflit entre Russie et Etats-Unis et à celui sur le déclin de l’Empire. Si, comme l’a écrit Karl Polanyi en 1944, la première guerre mondiale fut le résultat de la rupture de l’équilibre des puissances, alors le bouleversement en cours est porteur d’une lourde menace. Poutine et Obama ne veulent pas la guerre, c’est une évidence ; mais les organisations ont leur logique propre et le complexe militaro-industriel des Etats-Unis est peut-être devenu un canard sans tête, qui a déjà échappé au contrôle de la Maison blanche. L’élection d’Hillary Clinton et sa volonté de suprématie sur le reste du monde (pour notre bien, cela va sans dire) aboutirait à une dangereuse collusion d’intérêts et de points de vue.
[1] Désolé pour eux, je crois qu’il est préférable de l’annoncer, quitte à sacrifier encore un peu ma crédibilité au cas où cela ne se réaliserait pas. Et, pendant qu’on y est : autant annoncer qu’un établissement scolaire sera visé, puisque c’est l’information qui circule très officiellement dans l’Education Nationale. On comprend bien comment un attentat visant des enfants occulterait jusqu’au printemps toute capacité de réflexion des électeurs.