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La révolution citoyenne, suite
jeudi 19 janvier 2012, par
Nicolas Sarkozy, sauf magouille réussie en jouant avec le FN, ne devrait pas être réélu. Et même s’il l’était, il ne pourrait pas influencer le résultat des élections législatives qui vont suivre immédiatement. Dans tous les cas de figure, le prochain gouvernement sera un gouvernement de gauche...
Un collègue m’a fait part, ce jour, d’une réflexion extrêmement pertinente sur le résultat à venir des élections.
Comme beaucoup de français, il redoute une réélection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la république. Election improbable, à en croire les sondages, du moins si François Hollande, ou n’importe quel autre candidat, parvient à être présent au second tour. N’importe quel candidat sauf une : Marine Le Pen. Dans cette configuration, et celle-là seulement, Nicolas Sarkozy serait réélu.
Le précédent de 2002 nous a montré à quelle condition cela est possible. Le Pen père n’a jamais rassemblé plus de 4,8 millions de voix, ce qui était loin du potentiel de l’extrême droite (Le Pen + Mégret totalisaient, en 2002, 400 000 voix de moins que Le Pen + De Villiers en 1995 : 6 millions à eux deux).
Mais Lionel Jospin réussit alors le tour de force de perdre près de deux millions et demi de voix, par rapport à son précédent résultat ! (4,6 millions au lieu de 7 !)
Le 1er tour de 2002 ne fut donc pas marqué par une "percée" de Le Pen, comme trop de monde le dit et le croit, mais par une chute spectaculaire du candidat du PS.
François Hollande peut-il rééditer l’exploit de Lionel Jospin ? Rappelons que Jospin s’était lui-même discrédité avec sa déclaration d’impuissance devant la fermeture de l’usine de Vilvoorde, sans compter divers échecs de son mandat et surtout, l’éparpillement des voix de gauche sur 8 candidats (4 seulement en 1995...).
François Hollande n’est pas confronté à ces problèmes : à priori, il devrait être élu. D’autant plus qu’une partie de la droite, manifestement, le préfère à Sarkozy et fera tout (en sous-main) pour qu’il soit élu.
Mais si, malgré tout, la manoeuvre "réussie" par Chirac en 2002 fonctionnait à nouveau pour Sarkozy ? Que se passerait-il ?
Vers une nouvelle cohabitation ?
Nicolas Sarkozy peut compter encore sur ses soutiens médiatiques pour essayer de faire passer Marine Le Pen au second tour, et s’assurer ainsi sa réélection.
Mais après ?
Après, les élections législatives. Et cette fois, pas de manipulation possible : il est trop tard pour faire passer un nouveau découpage électoral, celui en vigueur est d’ailleurs déjà très favorable à la droite.
Il n’empêche qu’il se produira certainement à l’assemblée nationale ce qui s’est passé aux élections régionales et vient de se passer au Sénat : une victoire de la gauche, sans doute même une victoire écrasante.
A peine élu, Nicolas Sarkozy se verrait obligé de composer avec un Sénat et une Assemblée Nationale qui lui seraient hostiles...
Il lui restera alors plusieurs solutions : composer un gouvernement de gauche et vivre une nouvelle cohabitation ; tenter de s’opposer frontalement au parlement, et bloquer de fait toute décision politique ; démissionner ou dissoudre l’assemblée... chacune de ces options peut être classée dans deux catégories de choix : la stabilité ou le chaos.
Quel que soit le caractère de Nicolas Sarkozy, les choix ne lui appartiendront plus. La bourgeoisie, celle-là même qui l’a porté au pouvoir en 2007 (au prix d’un patient travail d’influence commencé en 1995 par Martin Bouygues) ne choisira pas le chaos : elle choisira la stabilité.
Les choix qui lui seront donc réellement laissés seront : soit la cohabitation (et l’humiliation quotidienne d’être le représentant de "la droite décomplexée qui se couche devant la gauche") ; soit une réforme constitutionnelle qui permettrait de sortir de l’impasse à moindre coût.
Quoiqu’il en soit, la situation sortie des urnes en ce printemps 2012, ne sera pas une situation stable, et appellera un nouveau processus démocratique : assemblée constituante ou élections anticipée, peut-être les deux...
Et si, finalement, l’élection de Jean-Luc Mélenchon était la meilleure garantie de stabilité ? au prix il est vrai, pour la bourgeoisie, de sacrifices certains... mais chercher à retarder un grand chambardement constitutionnel désormais inévitable, n’est sans doute pas la meilleure façon d’éviter le chaos.
Voir en ligne : Un conseiller du président vient de découvrir le problème...