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Chronique de la révolution, suite
Phase 1 : remise à plat de la fiscalité
vendredi 22 novembre 2013, par
J’écrivais, le 18 février 2011, un article qui pouvait paraître (qui peut paraître encore) bien audacieux, sinon fantaisiste. Je persiste : bien que les détails concrets évoqués dans cet article aient sans doute été sans conséquences, le processus est bel et bien lancé.
Assez bizarrement, c’est la droite qui a ouvert le feu avec sa manifestation des "bonnets rouges" contre la fiscalité, mobilisée par le prétexte de l’écotaxe.
Bizarrement mais pas tant que ça : d’une part, la droite est convaincue que le système ne changera pas, qu’une révolution en France est impossible. D’autre part, une partie de l’UMP est obsédée par la défaite de Nicolas Sarkozy, par la pression du Front National, et même par la présence de "socialistes" au gouvernement.
Qu’ils n’aient plus de socialistes que le nom, qu’ils s’efforcent quotidiennement de donner des gages de "bonne gestion" à la bourgeoisie, ne satisfait pas cette droite-là : elle estime simplement contre nature que la gauche participe au pouvoir. François Baroin, dans une incroyable candeur, l’avait exprimé publiquement en reprochant à la gauche d’avoir conquis le pouvoir "par effraction" en 1997. La gauche au pouvoir est comme un cambrioleur dans une maison : même pour y faire une politique de droite, elle n’y a pas sa place.
Quoiqu’il en soit, cette droite a perçu quelque chose de juste : le peuple n’en peut plus, et il est prêt à agir de façon radicale pour que le changement soit vraiment maintenant. La droite bien sûr, essaye de retourner cette colère à son profit en entraînant des ouvriers dans un cortège patronal contre les impôts, en général.
Mais le mouvement ouvrier, les syndicats bretons de salariés, n’ont pas été dupes. Même FO, qui avait d’abord participé à la manifestation des bonnets rouges, s’est depuis rallié aux autres syndicats.
Et surtout, une organisation politique, le Front de gauche (même si en l’occurrence il s’agit d’un cartel d’organisations) a également bien perçu les nécessités que commande la situation et proposé le bon mot d’ordre.
Plutôt que simplement dénoncer les bonnets rouges, les intentions anti-républicaines qui se cachent derrière et les authentiques revendications patronales pour réduire les impôts des entreprises, le Front de gauche propose une manifestation nationale pour une révolution fiscale.
Le contenu de cette révolution fiscale est clair : Jean-Luc Mélenchon écrit sur son blog "la fiscalité décrit un rapport de force à propos du partage des richesses, et nous n’avons aucune raison de croire que les puissants et les importants aient l’intention de se sacrifier avec le sourire. Il faudra leur imposer ce changement-là davantage que n’importe quel autre.".
Tout comme en 1789, il y a accord entre toutes les classes sociales en présence pour choisir la fiscalité comme champ de bataille. Et tout comme en 1789, la convergence s’arrête là. La confrontation est maintenant inéluctable
L’étape qui va suivre le 1er décembre peut déjà être écrite. Le débat sur la réforme fiscale va créer des attentes et des annonces décevantes. D’autres mots d’ordre politiques, visant plus précisément les institutions, suivront sans doute. Il n’est plus à exclure que le calendrier électoral soit quelque peu chamboulé. De quoi sera faite la phase 2 ? Je garde mes idées sur le sujet pour le moment.
(A suivre.)