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Chronique de la révolution, suite
Phase 2 : critique de la Constitution
mercredi 2 juillet 2014, par
Les événements s’enchaînent avec une étonnante prévisibilité, quoique sous une forme évidemment contingente. J’écrivais en décembre (ici) que le projet de remise à plat de la fiscalité serait décevant : je n’imaginais pas à quel point il serait enterré vite et en silence. Mais nous voici déjà à la phase 2.
Même les plus prudents des commentateurs osent le dire (ce matin sur France Culture) : nous allons vers la fin de la 5ème République. Bien entendu, on entoure l’annonce des précautions oratoires qui s’imposent pour ne pas sombrer dans le ridicule si la prophétie ne se réalisait pas.
Christian Salmon, dans Médiapart, prend beaucoup moins de pincettes pour annoncer la fin du régime. De façon classique dans la prose journalistique, mais étonnante chez un chercheur, les classes sociales semblent totalement absentes de son analyse (ici, article accessible sur abonnement). Du moins elles le sont de son article. Il ressemble à une synthèse de bruits de couloirs de palais ; ce qui n’aboutit pas nécessairement à une conclusion fausse.
Le plus étonnant dans les événements que nous vivons, est l’apparente absence du peuple dans le processus, alors que c’est fondamentalement lui qui est à la manoeuvre. Que signifie, sinon, la légitimité qu’évoque Christian Salmon quand il écrit :
"Les constitutions s’essaient à réguler ces courants contraires. Ce sont des constructions fragiles, des composés chimiques dont la stabilité est faite pour un peuple et une époque donnés. Leur légitimité dépend de leur capacité effective à mobiliser les moyens de l’État à des fins collectives. Cette capacité fonde la croyance en la possibilité d’agir sur le monde et de s’y orienter librement. Les régimes tombent quand ils ne sont plus capables d’assurer cette croyance légitime…
C’est ce qui est en train d’arriver à la Ve République." ?
Sa démonstration repose implicitement sur l’irruption du peuple, ou sur sa non-irruption, qui produirait cet effet... le résultat, évidemment, ne sera pas le même dans les deux cas. Qu’un régime soit prêt à tomber ne suffit pas à le faire tomber : encore faut il que quelqu’un soit prêt à ramasser le pouvoir.
Le peuple pour l’instant, en premier lieu la classe des prolétaires, se manifeste par l’abstention lors des élections et parfois par la grève. Il n’est pas encore entré en politique de façon massive. Ce sera la troisième phase : à l’automne 2014 ?