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La Chine est la première puissance économique mondiale
Enfin une bonne nouvelle !
mardi 14 octobre 2014, par
L’information est passée à peu près inaperçue en France, elle est d’ailleurs relativisée par les rares journaux qui l’ont relayée. La Chine ne serait pas encore tout à fait la première puissance économique, elle est seulement la première puissance commerciale, son PIB par habitant la situe encore loin du premier rang, etc. Ces arguments sont ceux de théologiens byzantins qui n’ont pas encore compris qu’il n’appartiendra bientôt plus aux élites occidentales de fixer les règles du jeu mondial. Sans nécessairement chanter les louanges de futurs "nouveaux maîtres du monde", il faut bien avoir conscience que cet indice de l’effondrement prochain de l’Empire, est une excellente nouvelle.
A propos du classement lui-même, il convient de noter d’abord qu’il est inutile de tourner autour du pot : que le PIB par habitant, ou tout autre indicateur "interne" au pays, place encore la Chine loin derrière les puissances actuelles, n’a absolument aucun effet sur ce qui fait d’une nation une puissance.
C’est même sans doute parce que la Chine a encore un PIB par habitant relativement faible, qu’elle a de telles marges de croissance et qu’elle a pu se hisser en une trentaine d’années du rang de "pays en voie de développement" à celui de première puissance commerciale du monde. Le nombre de sa population est en lui-même un facteur de puissance, comme le nombre de l’armée française à Valmy fit sa puissance malgré la "supériorité militaire" de ses adversaires... selon les anciennes règles du jeu.
Or, si la faiblesse du PIB par habitant est un facteur qui pousse les Chinois à l’émigration, ce n’est en l’occurrence absolument pas un facteur d’affaiblissement : la Chine dispose de ressources humaines qui lui permettent d’y faire face et de continuer à se développer. Bénéficier d’une diaspora nombreuse partout dans le monde est même, à ce stade de développement, un atout plus qu’une faiblesse.
En tout état de cause, les élites françaises ou de toute autre vassalité de l’Empire, auraient tort de croire que ce classement a encore une importance. La première place commerciale donne à la Chine une réelle puissance : elle est désormais en situation d’imposer aux autres nations, y compris aux Etats-Unis, de prendre en compte ses intérêts dans toute négociation d’ordre commercial.
Quant à la puissance militaire, l’avantage des Etats-Unis en la matière est désormais précaire : il ne se maintient qu’à un prix très élevé et grâce à des allégeances qui sont toutes susceptibles, à plus ou moins long terme, de se retourner.
Les nations africaines l’ont sans doute compris, du moins elles ont compris le bénéfice qu’elles pouvaient tirer de relativiser l’importance de leurs échanges commerciaux avec l’Europe et les Etats-Unis pour s’émanciper des vieilles tutelles. Le résultat est là : l’Empire, malgré les illusions des va-t-en-guerre en Irak, en Syrie et ailleurs, ne fait plus la loi sur le monde.
Il ne devrait échapper à aucun démocrate que c’est une excellente nouvelle. Non que les dirigeants chinois actuels aient plus brillé que les Etats-Unis en matière de démocratie ; mais ce nouvelle équilibre des pouvoirs crée de fait des espaces de liberté. Edward Snowden a pu bénéficier de la protection de la Russie, malgré toutes les atteintes à la démocratie dont ce pays est encore le siège. L’intérêt des puissants est souvent de soutenir les démocrates des puissances ennemies. Ce privilège cesse de résider exclusivement entre les mains des Etats-Unis. Demain la Chine pourra accueillir d’autres Snowden, d’autres Assange. La définition dominante de ce qu’est la démocratie (grosso-modo, un parlement de bourgeois soumis aux desiderata des plus riches du pays) peut cesser de s’imposer comme modèle unique. Il n’en résultera pas automatiquement l’avènement d’une société plus juste et égalitaire : mais la partie devient plus facile.